Le politiquement correct rend difficile le débat sur ce qu'on appelle l'âgisme. C'est à dire la tentation de considérer les vieux comme un poids pour la société. Il ne saurait être question d'écrire que les vieux sont gênants et qu'il faut s'en débarrasser. De plus l'âgisme paraît absurde puisque tout le monde deviendra vieux, du moins s'il a de la chance. Et pourtant.
Notre société magnifie la jeunesse éternelle
La mort disparaît, chassée vers des lieux extérieurs , l'hôpital et la chambre mortuaire. Elle reste un choc violent pour les proches mais aseptisé . Plus de veillée funèbre, de nettoyage du corps. C'est l'affaire de spécialistes. Et la décrépitude, antichambre de la mort subit le même sort. Le mot vieux disparaît. Ils sont des séniors, des fils d'argent , tout ce que l'on veut sauf des vieux.. De multiples émissions télévisées et la publicité vantent la jeunesse éternelle, grâce à la médecine et la pharmacie, la gymnastique et le régime. Le corps vieillissant n'est montrable que "jeune". La publicité atteint le grotesque qui montre le bienfait de crèmes antirides sur de jeunes femmes au corps parfait.
Le dire n'est pas souhaiter un retour en arrière. Les sociétés évoluent, et la nôtre qui voit se multiplier les centenaires s'adapte. Vouloir profiter de la vie est légitime et le retour à la dictature patriarcale des vieux stériliserait la société. Le but de cet article n'est pas de refuser l'évolution. Mais de refuser une discrimination de plus.
Prendre conscience qu'il s'agit d'une discrimination de plus
Lorsque le corps n'en peut plus on l'enferme dans un EHPAD, aux mains d'autres spécialistes. Il est infantilisé,sa parole n'est plus écoutée,ses désirs sont sous-estimés, ramenés aux seuls besoins physiques (se lever, se laver, manger, éliminer, avoir le ménage fait) ;Les vieux sont accompagnés en établissements ou à domicile avec des moyens insuffisants en dépit de toutes les analyses convergentes sur ce sujet, et les salariés qui travaillent à leurs côtés sont dévalorisés tout autant, broyés par une logique infernale et avilissante :
Le vocabulaire est un vecteur puissant . Le terme de dépendant surutilisé sert à expliquer que les âgés vulnérables ne peuvent être des citoyens, dépendants qu'ils sont de leur famille ou des professionnels. Le terme d'autonomie n'est utilisé que pour évoquer sa perte ; grave erreur, si l'autonomie des uns vaut moins que l'autonomie des autres, leur vie vaut moins que celle des autres ; c'est cela la discrimination. Et qui méprise le vieux ne s'aime pas quand il vieillit
Quelles solutions ?
Refuser toute séparation entre jeunes et vieux c'est reconnaître l'autre comme son semblable, comme un citoyen à part entière. ; c'est la Fraternité. C'est trouver des réponses communes à tous, même si elles doivent être adaptées. Par exemple, il est fondamental qu'aucun confinement impératif ne soit imposé à certains plutôt qu'à d'autres.
Un vaste débat lancé par un article de Champvert.