Incarcéré depuis plus de quatre ans dans une prison de haute sécurité près de Londres (Royaume-Uni), Julian Assange est désormais « dangereusement proche de l’extradition » vers les États-Unis, où il risque jusque 175 années de prison pour avoir publié des documents confidentiels. Jeudi 8 juin Reporters sans frontières rapporte en effet qu’un magistrat britannique a rejeté, mardi 6 juin, le recours formé par l’ancien rédacteur en chef de WikiLeaks contre l’ordre d’extradition, signé le 17 juin 2022 par la ministre britannique de l’intérieur d’alors, Priti Patel.
Désormais, pour contester son extradition, Julian Assange ne dispose plus que d’un seul recours en droit interne britannique. Celui-ci sera déposé en début de semaine prochaine, a indiqué sur Twitter la femme du fondateur de WikiLeaks, Stella Assange. « L’affaire sera alors traitée lors d’une audience publique devant deux nouveaux juges, a-t-elle précisé, et nous restons optimistes quant au fait que nous l’emporterons et que Julian ne sera pas extradé. ».
La demande d’extradition américaine avait été rejetée en première instance, en janvier 2021, en raison de l’état de santé de Julian Assange, incompatible avec les conditions drastiques d’incarcération et d’isolement auxquelles il serait à coup sûr soumis aux États-Unis. « La condition mentale de Julian Assange est telle qu’il serait abusif de l’extrader vers les États-Unis », avait alors estimé la juge Vanessa Baraitser. On voit la faiblesse de l'argumentation. Ce n'est pas d'une atteinte intolérable à la liberté qu'il s'agit mais de la grâce pour un homme malade.
En réponse, le gouvernement américain avait assuré en février 2021 qu' Assange serait emprisonné dans un palace avec "un traitement clinique et psychologique approprié à son état de santé."
Le recours rejeté ce mardi 6 juin visait la signature de l’acte d’extradition. Une fois que sera examiné le nouvel appel, les avocats de Julian Assange auront épuisé toutes les voies de recours du droit britannique.
El Pais nous en apprend de belles !
Cette avancée de la procédure d’extradition est intervenue deux jours après la publication de nouvelles révélations sur l’opération d’espionnage dont Julian Assange a été victime entre janvier 2017 et mars 2018 alors qu’il était réfugié dans les locaux de l’ambassade équatorienne de Londres. Au mois de janvier 2020, le quotidien El País avait en effet révélé qu’une société de sécurité privée espagnole, Undercover Global, ou UC Global, et son dirigeant, David Morales, avaient mené une opération d’espionnage de Julian Assange, baptisée « Operation Hotel », particulièrement intrusive, à l’insu des autorités équatoriennes et pour le compte d’un client américain. La société UC Global avait installé dans les quelques pièces occupées par Julian Assange plusieurs caméras et micros, jusque dans les toilettes pour femmes. Dans les documents internes à UC Global récupérés par la justice espagnole, le commanditaire de cette opération était désigné sous des termes imprécis comme des « amis américains ». Mais plusieurs éléments semblaient indiquer une implication de la CIA. Dimanche 4 juin, de nouvelles révélations d’El País sont venues confirmer cette hypothèse. Le quotidien espagnol rapporte qu’un problème informatique dans le stockage des documents saisis chez David Morales a permis de mettre au jour de nouvelles informations. Elles étaient destinées à l'ambassade américaine.
Les Etats Unis font ce qu'ils reprochent à Assange. Il s'agit bien d'une nouvelle affaire Dreyfus.