Nombre de gens de gauche sont désespérés. Ils ont tort. Ne soyons pas comme le taureau qui suit la cape  (les médias) au lieu  de l'homme qui la tient :  ce serait la mort assurée.

    Laissons leur  la mauvaise soupe politicienne et  intéressons nous  à ce qui est (confusément  encore)  dans la tête des Français. Alors que le fonctionnaire est présenté comme celui qui nous ruine, un sondage révèle que  80 % des Français sont opposés à la baisse des dépenses publiques.  90 % à la baisse des dépenses santé,  86 % à la baisse des dépenses d'éducation.

    Cette fantastique victoire des idées défendues depuis toujours par le PCF et pas seulement lui  accouche  pour le moment lors des élections  de dirigeants qui pensent et surtout font  exactement le contraire.

   Mais au lieu d'en conclure à tort (le sondage le prouve) à l'imbécillité de nos compatriotes  posons nous la question : pourquoi notre offre politique est-elle majoritairement rejetée malgré tout ?

    Je vais donner un exemple qui ne plaira pas à tout le monde sur notre manque de cohérence actuel.  Trump est l'ennemi public n° 1. La question n'est pas si on a raison ou pas. Trump est effectivement un personnage dangereux.  Mais s'il est le pire Clinton est la moins pire et aurait dû être élue.  Nous aurions été "soulagés". Pour faire ce que fait Hollande ou tout autre dirigeant européen, c'est à dire la même chose que Trump  fera  pour l'essentiel et que les Français rejettent.

  De gros efforts  de notre part pour nourrir le vote "utile" pour le moins pire. Ce qui invalide notre démarche. Il faudra bien le comprendre un jour.

    Henri Ausseil

Des dizaines de présidents américains ont été élus dans le passé avec moins de voix que leur adversaire, Bush par exemple contre Gore. Jamais le système n'avait été remis en cause.  En 2016 il devient indispensable  selon certains d'en changer. Une preuve supplémentaire que Trump n'est pas le candidat rêvé de Wall Street malgré ses gages de bonne volonté.

    Quant à la capacité de Trump à dire une chose et son contraire,  un exemple suffit :

       "Le collège électoral est un désastre pour la démocratie", lançait-il sur Twitter en novembre 2012.

       "Le collège électoral est en fait un truc génial, il permet à tous les Etats, y compris les plus petits, de jouer un rôle", écrivait-il quelques jours après sa victoire surprise du 8 novembre 2016."

      Et dire que  depuis 2 siècles cette démocratie nous est présentée comme  un "modèle du monde libre"  indépassable... L'hégémonie fait plus que se fendiller, elle implose.

L'Académie française a jugé bon d'accueillir dans ses rangs  Maikine un immigré russe de 1988 auteur de plusieurs livres  dont nous n'avons pas connaissance.  Ce malotru, mordant le sein qui l'a nourri s'est permis dans son discours de réception (un exercice habituellement aseptisé)  de vanter la politique extérieure du Général de Gaulle , de vilipender l'OTAN, la politique suivie en Ukraine et Syrie et de faire siffler les oreilles de l'actuel président .  Nous ignorons bien entendu la tête que faisaient les " immortels"  lors de cette diatribe. Mais reconnaissons  que pour la première fois cette institution parfaitement inutile sert à quelque chose.

Devinez qui a dit ça : « Les médias ont échoué dans leur fonction la plus fondamentale (…) Les médias ont raté ce qu’il se passait autour d’eux. » C’est le New York Times au lendemain de l’élection de Donald Trump.

En France, le même scénario est à l’œuvre, la même corruption médiatique, la même défense des mêmes intérêts, qui poussent vers la même dérive. Et quelle est la cause de tout ça ? Le New York Times continue, c’est « l’échec de la compréhension de la colère bouillante d’une grande partie de l’électorat qui se sent laissé de côté ».

Un éclair de lucidité dans le journal le plus influent au monde. Mais Wall Street et le CAC 40 ne se font pas trop de soucis. Ces autocritiques sont des promesses d’ivrogne. Tout comme en France, en 2002, quand l’extrême droite est arrivée au second tour de la présidentielle, tout comme en mai 2005 lors du référendum pour le projet européen, chaque fois que les électeurs ont totalement déjoué médias et sondages, le monde intello-médiatique, la main sur le cœur, se dit stupéfait, consterné, atterré, déconnecté de la réalité. Mais, toute honte bue, quelque jours plus tard, la fabrique du consentement repart comme d’habitude.

Rien là de bien étonnant, en France, on le sait, quelques milliardaires contrôlent la quasi totalité des médias. Dans quel intérêt ? Dans leur intérêt. Qui paie l’orchestre choisit la chanson, musique et paroles ; austérité, précarité, insécurité, impossibilité. Pas besoin de donner des ordres, le personnel est bien dressé pour dire ce à quoi il faut penser et ce qu’il faut en penser. Bientôt il sera automatisé, les journalistes disparaîtront comme les caissières de supérette.

Peu de voix discordantes parviennent à se faire entendre. Même si des journaux résistent, même si des sites d’information se développent, on est encore bien loin de l’indépendance et des moyens nécessaires pour contre-balancer la puissante fabrique de l’opinion au service de l’oligarchie au pouvoir.

Depuis longtemps, LÀ-BAS SI J’Y SUIS fait entendre une autre musique.

Daniel Mermet

Il y a de quoi être optimiste !  Consultez ce média sur internet. Et n'oubliez pas l'Huma qui dit la même chose !

Dans une interview à la Marseillaise    du 15 décembre lors de la promotion de son livre (un monde libre)  la journaliste décortique le processus d'asservissement : "on élimine les caractères, les gens qui tiennent trop à leurs idées, ceux qui ne tiennent pas dans le cadre intellectuel ou politique valorisé du moment, qui est très étroit. Ce mouvement là on l'observe dans beaucoup d'autres secteurs de la vie en entreprise aujourd'hui.... où les mots perdent leur sens, où les séminaires   et le "coaching"  sont censés régler tous les problèmes. Tout ce qui faisait la vie même d'un journal, les combats d'idées, la vision du monde partagée, la chaleur des échanges s'est éteint dans ces lieux là"

 Et elle répond à Jean Daniel qui l'excommunie    :  "  Que vaut son point de vue ? ..C'est celui d'un homme  prétendument engagé qui , toute sa vie s'est placé du côté du manche."

De tel propos nous rendent l'espoir. Au sein même de la presse aux ordres naissent les contradictions qui la feront imploser tôt ou tard.