Le coût de cette guerre était tout de même très important pour le royaume saoudien, qui a investi à coups de milliards de dollars dans du matériel militaire qu’il n’avait pas l’expérience d’utiliser. Riyad a donc profité de l’appel lancé le 25 mars par Antonio Guterres, Secrétaire général des Nations unies (Onu), à suspendre les hostilités, au moins durant le temps de la pandémie de Covid-19.
Premier cas de coronavirus officialisé au Yémen
Une perche qui tombe à pic pour les dirigeants saoudiens, qui ne peuvent temporairement pas rester empêtrés dans les sables mouvants yéménites. D’autant que, comme le rapporte le New York Times, 150 membres de la famille royale auraient contracté le Covid-19. Un problème majeur, car les postes clés du pays sont occupés par des Saoud. Néanmoins, l’Arabie saoudite n’a pas totalement renoncé à ses objectifs yéménites. Comme l’explique Fayçal Jalloul, le Yémen est de la plus haute importance stratégique pour le royaume:
«Le père fondateur de la dynastie Saoud, Abdelaziz Ibn Saoud, disait à sa descendance: “votre bien vient du Yémen, et votre mal également.”»
Selon l’expert donc, ce cessez-le-feu ne devrait être qu’une courte parenthèse et les combats devraient reprendre une fois l’épidémie passée. D’une part, parce que le Yémen est un pays dans la zone d’influence directe de l’Arabie saoudite et qu’elle ne peut se permettre qu’une autorité hostile contrôle le pays, mais aussi, car ce pays se pose en puissance régionale et que sa crédibilité militaire est en jeu. Le Royaume ne peut s’avouer vaincu face à une guérilla infiniment moins bien équipée que lui. Le conflit que l’Onu a qualifié de «plus grave crise humanitaire au monde» n’est donc très certainement pas près de s’achever et le calvaire que vivent les civils yéménites depuis cinq ans non plus.