On aurait grand tort d' en faire une question d'élus attachés à leurs privilèges.  Un certain nombre de camarades  sous une fine couverture Front de Gauche conservent l'ambition de rassembler autour du Parti  Communiste. Cette ambition est légitime  . Mais elle se heurte de plein fouet  à la réalité qui montre l'énorme difficulté, voire l'impossibilité de  mettre en oeuvre cette stratégie.

      Que reste-t-il alors pour survivre ?  La seule issue est de se réfugier derrière le grand parapluie du PS qui , à certaines conditions, assure le court terme.

      Les camarades de Montpellier acquis au rassemblement ont une toute autre ambition ; rassembler pour équilibrer le rapport de forces à gauche.

       Selon l'orientation REELLE (cela n'a rien à voir avec le vote trompeur  des motions de congrès) l'attitude vis à vis des autres composantes du rassemblement va de soi  ; méfiance dans un cas  (ils veulent nous passer devant) , confiance dans l'autre, aboutissant à des compromis  même lorsqu'une des composantes apporte de l'eau au moulin des sceptiques. 

       Le peuple français , lui, a besoin du vent du large. C'est pourquoi personnellement je choisis sans hésiter  le rassemblement.

           Henri Ausseil

NB : les rares hantés par un destin personnel se reconnaissent facilement :  ils finissent immanquablement dans les fourgons du PS. De Serge Fleurance à Eric Macias la liste n'en est pas très longue.

Lors de la venue à Montpellier du père Cardenal , jésuite, ministre de l'Education nationale du Nicaragua sandiniste, il nous expliqua au cours du repas comment le saint Pape Jean Paul II , idole des médias , lui refusa son anneau ostensiblement à sa descente d'avion et réserva toute son attention aux adversaires du régime.  Le même qui mit au placard la théologie de la libération et transforma tant de   Polonais en tristes moutons anti avortement  et  en plombiers pour tous les patrons d'Europe.

      François est d'une autre trempe. Ses vigoureuses interventions à Lampedusa ont été suivies de textes  d'une telle clarté  que si je vous en masquais l'auteur, vous les attribueriez au Front de Gauche.  La condamnation du capitalisme rentier est absolue.

    Pour nous gens de gauche qui depuis l'affaire Dreyfus et le pétainisme assimilons facilement Eglise et droite, il est temps de prêter l'oreille au grand changement  qui se profile. Les intégristes existent, mais un autre courant s'affirme et nous ferions bien de le comprendre.  Désormais ce n'est plus sur l'Eglise que comptent les rentiers mais sur  les "humanitaires" et  les "intellectuels officiels" chargés de formater les esprits. La main tendue par Thorez  dans les années 30   est plus que jamais à l'ordre du jour.

   Si vous vouliez une preuve  , c'est le silence des chiens de garde. Le Pape rédige une encyclique qui révise le catholicisme social  vieux de deux siècles. La charité ne suffit pas , c'est à l'exploitation de l'homme qu'il faut mettre fin.  Ce bouleversement AUCUN DE NOS GRANDS ESPRITS NE L'A VU !    Peut être parce que c'est écrit en latin.

                  Henri Ausseil

Un remarquable documentaire de Patrick Barbéris  vu à Planète , « La guerre en face », sur l’armée française des 50 dernières années mérite toute notre attention.

    D’abord il n’y a pas UNE armée française mais deux.   L’armée savante  de dissuasion  a pour tâche d’empêcher une guerre conventionnelle entre égaux et y parvient sans  grand mal. Accessoirement elle fournit des contrats rémunérateurs   aux industriels du secteur, les Dassault et consorts.  Elle nous intéresse peu  ici.

   La deuxième armée française est une armée cachée. C’est celle des guerres asymétriques  menées un peu partout dans le monde,  à Sarajevo, Beyrouth,  en Lybie, en Afrique noire, sans parler bien sûr de l’Algérie, différente dans la mesure où existait encore une armée de conscription.

    Machiavel rajeuni par Von Clausewitz l’a dit il y a longtemps : la guerre est la continuation de la politique. Il en résulte que ce n’est pas la guerre qui est juste ou injustifiée mais la politique qui la sous-tend. Mais voilà, la guerre elle-même ce sont les soldats qui la font. Ils y risquent leur bien le plus précieux, la vie ou l’intégrité physique et psychologique , et ont besoin de savoir POURQUOI ils font ce qu’on leur commande de faire.

  Avouons notre stupéfaction : nous avons été bouleversé par les témoignages des gens de terrain (et ulcéré par ceux des officiers supérieurs qui risquent la vie des autres et travaillent sur tableau noir) .  Formatés par une formation idéologique  à sens unique, ils sont dans l’incapacité de trouver une issue  à l’épouvantable dilemme qui les écrase.

     Voilà des gens qui risquent quotidiennement leur vie (écoutez ce qui est dit sur l’Afghanistan !), et pas seulement pour une solde, ils ne sont pas des mercenaires.  Lorsqu’un des leurs tombe ou est mutilé, ils ont la surprise  d’assister à un escamotage ,  il disparaît. Eux-mêmes ne sont pas reconnus comme anciens combattants, d’autant plus qu’ils sont souvent étrangers.   Un officier raconte comment à Srebenica il est devenu le jouet d’une stratégie qui fait du serbe l’ennemi et prétend être une force d’interposition. Un autre venu sauver les populations découvre l’hostilité. Le pire étant la non reconnaissance par la Nation.

      Il  ne s’agit pas pour nous de les défendre. Nous désapprouvons ces guerres impérialistes qui n’osent pas dire leur nom.  Mais nous découvrons plus d’humanité chez ces soldats que dans les discours falsificateurs d’un Fabius ou d’un Hollande sans parler bien entendu de la droite. Sans aller au bout de leur raisonnement ils clament une vérité que chacun devrait méditer :   ils meurent pour les  capitalistes.

Lavoisier, fermier général c’est-à-dire banquier relevant les impôts royaux à titre privé avec une grosse marge de profit se livrait dans son grenier à son passe- temps favori : la chimie.  Animé par cette extraordinaire capacité de l’esprit humain cherchant à tout expliquer il a fait des découvertes fondamentales  et fondé avec d’autres uns science exacte.  S’il avait appliqué ses qualités intellectuelles humaines à décrypter la crise profonde de l’ancien régime dans les années 1780, aurait-il eu la même capacité que pour la composition de de l’air, remettant en cause les privilèges dont il vivait ?   C'est que depuis les origines de l’humanité dominants et dominés se disputent la plus- value produite par le travail humain. Cette lutte des classes primordiale interfère obligatoirement  avec la recherche des mécanismes qui commandent les sociétés humaines.

   Economie et sciences politiques sont dans l’impossibilité de franchir le cap pour le moment. Du point de vue des dominants c’est compréhensible. Sans l’hégémonie culturelle basée sur la croyance intégrée inconsciemment , comment faire accepter la société à deux vitesses ?  Il est donc presque inutile de développer les raisons pour lesquelles l’économie dominante libérale est dans l’incapacité de prouver quoi que ce soit dès qu’elle applique ses « lois » à l’économie réelle.  Son but n’est pas que ça marche  mais de faire en sorte que le capitalisme rentier perçoive sa rente. Tous les chiens de garde bien nourris n’ont rien de scientifique.   Mais les dominés ne sont pas plus lucides.  Lorsqu’ils ont été en mesure  d’agir sur le réel, comme en URSS  ils ont eu  l’occasion de montrer qu’ils se sont lourdement trompés, confondant l’apparence et la réalité  dans le domaine économique.   Les anti-libéraux  confrontés aux énormes difficultés de nos sociétés , adoptent la stratégie d’évitement en lieu et place  de l’affrontement. Les supermarchés  doivent être remplacés par les circuits courts, il faut promouvoir l’économie solidaire face aux désastres de l’économie industrielle.   Des chercheurs  progressistes s’attellent à la tâche. Ils seront  probablement démentis par les faits s’ils ont la capacité d’appliquer leurs théories, tout comme leurs homologues  de l’idéologie dominante, l’histoire ayant prouvé maintes fois que le marché noir et l’inégalité sont le fruit de la pénurie.

    Comment avancer   ?   C’est le mouvement social, qui par un rassemblement majoritaire  dans un certain désordre, avec des contradictions et des erreurs  en chemin trouvera la voie. Le seuil de passage du capitalisme rentier à son dépassement se rapproche chaque jour mais à notre insu, certaines modifications majeures passant inaperçues. Mais ce ne sera possible que dans l’affrontement quotidien avec l’hégémonie  idéologique libérale , en lui portant coup  sur coup jusqu’à ce qu’elle soit vaincue. C’est la tâche du Front de Gauche élargi.