Un Parlement humilié, une opposition sommée de se mettre au pas face au Bulldozer mis en marche. Optimisant, au profit de quelques-uns, les institutions d’une Vème République tombée en désuétude, la verticalité du pouvoir s’annonce maximale…
Ce projet néo-libéral et technocratique, si éloigné du pays réel, n’a pas vocation à traiter des problèmes quotidiens du peuple : payer ses factures à la fin du mois, trouver un médecin,
scolariser ses enfants dans une classe à moins de 30 élèves, se former près de chez soi,
se déplacer par le train sans aléas quotidiens, échapper au licenciement boursier, vivre de sa production agricole, de sa pêche, de son travail d’artisan ou de commerçant sans être pénalisé par la concurrence déloyale du travail dérégulé, ne pas être assigné à sa caisse de grande surface le dimanche, ne pas être traité d’illettrée quand on est ouvrière, être tout simplement respecté y compris dans ses difficultés de vie.
Votre projet signe le renoncement à notre modèle de protection sociale, il signe l’avènement de la précarisation et de l’uberisation du travail. Plus dure sera la vie, et il faudrait s’y faire. Quant aux élites, elles, elles se frottent les mains…
Dans le même temps, il existe une formidable énergie dans notre peuple qui n’en peut plus d’étouffer sous le joug de la loi du plus fort et de l’argent. Nous nous attacherons à la libérer.
Une récente note de conjoncture de l’INSEE, s’appuyant sur un questionnaire adressé à des dirigeants d’entreprise, pointe l’absence de perspectives économiques comme obstacle principal au développement de l’activité et de l’emploi. La question du code du travail n’apparaît que dans la queue de peloton des préoccupations de ces patrons.
Nous avons, dans nos circonscriptions, des témoignages qui vont dans le même sens : dans l’économie réelle, c’est l’investissement, la formation, le savoir-faire des salariés, la commande, dont la commande publique est un vecteur essentiel, et le soutien des banques qui jouent sur le niveau de l’emploi...
Je pourrais parler du renouveau industriel d’Alpine à Dieppe, du maintien de la filière verrière en vallée de la Bresle ou bien encore du nouvel équipement d’électrolyse à Kem One sur le site de Martigues : le savoir-faire des salariés, la possibilité de contrôler les manœuvres des fonds vautours grâce au droit du travail ou bien encore la ténacité des salariés : voilà ce qui a été moteur d’emploi ou protecteur d’emploi....
Mais cela vous préférez l’ignorer.
Face à cette France réelle, que nous propose le Président de la République, que nous proposez-vous, Monsieur le Premier ministre ?
Une réduction du rôle de l’Etat, de l’Etat protecteur, de l’Etat stratège, de l’Etat aménageur, de l’Etat producteur déjà singulièrement affaibli par dix ans d’une politique soumise aux injonctions de Bruxelles.
L’engagement d’organiser une conférence des territoires n’a de sens que s’il se débarrasse de l’étau austéritaire et s’il est accompagné dans chacun de nos territoires, par un moratoire préservant nos services publics de proximité.Nous sommes profondément inquiets de votre annonce d’assassiner la commune ou le département…
Aujourd’hui, vous avez annoncé vouloir câliner la finance par la hausse de la CSG, l’allègement de l’ISF et la baisse de l’impôt sur les sociétés.
Les mesures d’austérité annoncées pour les plus vulnérables et les mesures pour garantir le marché en son fonctionnement débridé pourraient rapidement faire redescendre Jupiter sur terre.
Il ne s’agit pas pour nous de pleurnicher mais de montrer ce que vous ne voulez pas voir.
Il y a des mouvements populaires auxquels vous ne pourrez échapper même en accélérant comme des chauffards sur la route.
Et vous chers collègues, qui parfois faites ici vos premiers pas en politique, vous aurez ces réalités aux trousses. Bientôt vous comprendrez que la compétence libérale ne résout rien. Il existe des contradictions dans la société qui imposent que l’on prenne parti.
Le nôtre est sans ambiguïté : Le parti pris des gens contre le parti pris de l’argent .Vous voulez libérer les entreprises, nous, nous voulons libérer les hommes et le travail de l’emprise de la finance.
Voilà pourquoi les députés communistes ne voteront pas aujourd’hui la confiance au Gouvernement.
Sébastien Jumel
L'allocution détaille un constat que le lecteur connaît bien. Nous n'avons retenu que les lignes de force. Il est à noter que le vote et les propos des communistes ont été occultés par les chiens de garde. Il faut croire que réduire l'opposition à Mélenchon la rend moins dangereuse.