La mort de Rocard nous permet de revenir sur la période 1968-1981 qui vit une profonde modification de la géographie de la gauche, dont Rocard fut un acteur majeur.
L'Américain Christofferson dans un livre remarquable traduit en 2009 (éditions Agone) a dit beaucoup mieux que je ne saurais le résumer comment l'instrumentalisation du goulag a permis à "l'autre gauche" d'affaiblir gravement le PCF assimilé à l'URSS ,dont l'implantation dans la population était depuis la libération importante. En même temps que des idées pertinentes (la défense des libertés dont on voit en 2016 l'usage qu'en font les héritiers à coup de 49-3) c'est la promotion des patrons , de la force tranquille, et de l'idéologie néo libérale qui ont triomphé provisoirement , contre l'ADN de la gauche , les conventions collectives, la grève et la manifestation, la lutte des classes . C'est l'amorce du grand virage dans lequel nous nous situons aujourd'hui.
Le paradoxe c'est que les manifs de 68 soient l'origine. Que leurs acteurs majeurs de l'époque se soient retrouvés à la tête du journal Libération , de la CFDT et parfois de l'Etat est une réalité.
Lisez le livre pour donner de la chair à ce squelette. En tout cas , lorsque le journal l'Humanité traite Rocard de "vrai homme de gauche", même si l'article est plus nuancé, je suis un peu abasourdi. Certaines déclarations de Rocard sont certes intéressantes mais c'est sur SES ACTES qu'un homme d'Etat doit être jugé, non sur ses déclarations . Pour l'avoir subi (comme premier ministre "remboursant la dette" et refusant les moyens à l'école) en 1989, en tant que secrétaire régional du SNES de l'époque j'ai gardé de lui un souvenir impérissable ... mais pas agréable.
Henri Ausseil
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