22 mai 1946 : un anniversaire à ne pas oublier

Ambroise Croizat, ministre communiste dans un gouvernement de droite fait voter ce jour là par l'Assemblée Nationale une loi qui pose le principe de la généralisation pour tous d'une sécurité sociale, financée par le patronat , l'Etat et les salariés. Certaines catégories en bénéficiaient déjà mais ce formidable pas en avant (qui s'est heurté à de fortes résistances) a permis que tout salarié puisse se soigner quand il est malade et soit payé quand il ne peut pas travailler. La mutualité agricole couvrant les agriculteurs propriétaires (encore très nombreux) la masse des Français accédait à ce droit inouï qui devait selon ses détracteurs détruire la France. Peu de gens aujourd'hui ont conscience de la difficulté de la chose.

Le gouvernement était d'union nationale (c'est à dire dirigé par la droite gaulliste), le PCF était puissant (29 % des voix), la CGT avait des millions d'adhérents, le patronat collabo n'osait pas avoir l'arrogance d'un Gattaz, il était déconsidéré. On est allé beaucoup plus loin qu'en 1936 où la sécu née en 1932 avec Tardieu (de droite) n'a pas été modifiée, les radicaux défendant les petits et moyens patrons (et même les gros quand ils étaient francs-maçons). Pour l'essentiel ce sont les salariés qui la payaient et les prestations étaient médiocres.

une grande leçon pour nous qui cherchons une issue à un système bloqué. Ce n'est pas la couleur du gouvernement qui compte mais le rapport de forces qu'on a la capacité d'établir. La situation est très différente mais l'enjeu est le même.

Henri Ausseil