David Stockman ancien directeur du Bureau du budget du Congrès américain sous Reagan joue le rôle qu'un Turgot, un Maupéou, un La Fayette ont joué au XVIIIème siècle lorsque se jouait la survie d'un système condamné. Il dénonce les tares mais n'a aucune chance d'être entendu par les siens . Et ce pour une raison bien simple : un privilégié ne renonce jamais (en tant que classe, un individu isolé peut le faire) à ses privilèges, ici l'argent facile de la financiarisation.
Que dit Stockman ?
«Il n'y aura pas de fin heureuse. Nous menons des guerres commerciales pratiquement avec le monde entier, et la situation continue d'empirer parce que Donald Trump n'est pas satisfait du résultat. C'est la preuve d'ignorance économique dans le commerce».
La raison principale de l'effondrement imminent des marchés boursiers est la crise dans le commerce avec la Chine. L'économie des USA n'est pas suffisamment forte pour faire face à ses conséquences, notamment quand on sait que le déficit budgétaire avoisinera 607 milliards de dollars en 2018, et qu'il doublera pratiquement pour atteindre 1.100 milliards de dollars, soit 5,7% du PIB, en 2019, selon les pronostics de Bipartisan Policy Center. Autrement dit, il atteindra le même niveau qu'après la récession des années 1980.
Il n'st pas le seul à penser que l'effet négatif des taxes d'importation sera dix fois plus important pour Washington que pour ses concurrents. Les marques américaines traditionnelles comme Nike et Apple fabriquent la majeure partie de leurs produits en Chine. C'est pourquoi elles souffrent quand des barrières douanières sont érigées.
La Russie, depuis l'adoption des premières sanctions en 2014, a réduit ses échanges avec les USA jusqu'à la somme dérisoire de 23,1 milliards de dollars. En 2017, selon le Service fédéral des douanes russe, le commerce extérieur total du pays a atteint 584 milliards de dollars, dont 357 milliards d'exportations.
Si nous résumons en termes intelligibles : le capitalisme rentier a besoin de la Chine. C'est en ce sens que nous différons de Stockman: pour lui le capitalisme rentier de Reagan est la fin de l'histoire.
Mais sur un autre point , contradictoirement, son avis est précieux. Pour lui les géants informatiques du groupe des FAANG (Facebook, Apple, Amazon, Netflix et Google) assurent 80% des transactions de la bourse par ces cinq compagnies ce qui est une dangereuse surestimation. Or, Facebook a perdu 20% de sa valeur, soit 130 milliards de dollars, et Netflix 15% (moins 24 milliards de dollars). Ce n'est bien sûr pas le cas de tous. Sa crainte rejoint notre analyse . c'est le travail humain qui crée la richesse et non l'accumulation des dollars.
Sur la dette aussi ses préoccupations rejoignent notre analyse . les bons du trésor américains rapportent actuellement 2,7% pour les obligations sur 3 ans, et presque 3% pour les obligations sur 10 ans. Mais les USA ont besoin de plus en plus d'argent pour desservir la dette publique, qui a atteint la somme astronomique de 21.000 milliards de dollars, soit presque 109% du PIB. La Russie, la Turquie et d'autres , pour des raisons diverses vendent les bons en leur possession. Pour collecter de l'argent il va falloir doubler le taux d'intérêt à 5 ou 6 % catastrophe pour le budget américain. De nombreuses banques centrales accroissent leur réserve d'or: les Pays-Bas, l'Allemagne et la Turquie rapatrient leurs lingots des USA depuis 2014. La Russie mise également sur ce métal précieux, qui a augmenté ses réserves jusqu'à 2.000 tonnes d'or — un record.
Après ce constat les limites de Stockman sont évidentes. Il met tout ça sur le dos de Trump.
Pour nous ce sont les contradictions d'un système en bout de course qui en sont la cause, et Trump un instrument stupide. Mais il faut noter que les indices boursiers grimpent , grimpent jusqu'à l'éclatement de la bulle que LA CLASSE CAPITALISTE DANS SA MASSE ne voit pas venir, même si les avertissements autorisés ne manquent pas.
HA